13° La Ruée vers l'Or - Sonora, Jamestown







A l'est de San Francisco

Stockton, Jamestown, Oakdale, Sonora...





En 1848, une nouvelle se propage à travers la planète: on a trouvé de l'or en différents endroits de l'ouest américain, et notamment en Californie. Il n'y aurait qu'à se baisser pour le ramasser.

Ruée dans la région de Sonora et de Jamestown, mais gros désordre.  En effet, la terre était possession mexicaine jusqu'en février 1848, où une bataille et un traité lui donnent son indépendance sous le nom de République de Californie.  Avec un ours pour emblème...
C'est en s'alliant aux nordistes lors de la guerre de Sécession dix ans plus tard qu'elle deviendra un état américain.

Les Mexicains sont déjà là pour "orpailler" les rivières. En quelques mois, on vient de tous les États Unis, d'Europe, et même de Chine. La très importante communauté chinoise de Californie a commencé à se former à cette époque.

Mais l'or, qui existait bien, n'était qu'à la surface. En quelques mois, tout est ramassé. Pour continuer, il faut des moyens industriels. Creuser, bouger des montagnes. Des compagnies se constituent, et embauchent de la main d’œuvre. Des milliers de prospecteurs deviennent ouvriers, des milliers d'autres viennent s'installer.
La ville de Sonora quintuple en dix ans, d''autres, comme Jamestown, Stockton, El Dorado ou Oakdale sont fondées.

Le chemin de fer relie rapidement la région à San Francisco. Puis, petit à petit, au début du XX° siècle, tout périclite. On a trouvé de l'or ailleurs, plus facile à extraire. Les mines sont abandonnées, puis des villes entières... comme Bodie. Que nous avons cherché, mais pas trouvé...

D'où une photo du web... Désolé.. Bodie, la ville fantôme.   Même sur le GPS...


© Wiki

Par contre, les fantômes du chemin de fer, nous les avons trouvés. 

Jamestown était le nœud ferroviaire de la région, et l'atelier du matériel minier. Un grand musée des chemins de fer y a été créé. Nous l'avons bien trouvé, mais trop tard. Il a fait faillite aussi... Depuis des années, ma doc n'était pas à jour...






La gare d'époque de Jamestown figure encore telle quelle sur les prospectus touristiques de la ville. Sauf que nous l'avons trouvée verrouillée et cadenassée avec des chaînes déjà bien rouillées. Elle pourrit doucement...



Tout part à l'abandon.








Jamestown et Stockton se targuent d'offrir des "centre-ville historiques" de la ruée vers l'or.
C'est oublier que dans un pays qui n'a pas d'histoire, une maison centenaire devient vite un monument historique...  (National Historic Landmark)...

Label peut-être distribué un peu hâtivement (ou commercialement) pour ces deux villes qui n'ont pas grand-chose à montrer. Certes, ces maisons de style datent bien du XIX° siècle, mais dans un pays qui n'a pas connu de guerre depuis 1865, il y en a partout...  et pour un œil européen, elles ne font pas figure de maisons anciennes...

Voici les "National Historic Landmarks"  de Jamestown.




et le Musée du Cow-Boy  à Oakdale... qui ferme à 4 heures de l'après midi. Un peu trop tôt pour de grands voyageurs comme nous...





Par contre, à la sortie de Oakdale, il y a un petit monstre qui m'a beaucoup intéressé.   Automotive Freaks...



  Freaks....Le vilain petit monstre...


Les locomotives dûment pédigrées ont des pistons longitudinaux qui poussent des bielles, lesquelles actionnent des roues aussi nombreuses et grandes que possible, pour éviter le patinage. 

Seulement voilà, plein de grandes roues, ça prend très mal les virages... Ce qui n'est pas très grave dans le transport ferroviaire puisque, de toute manière, les wagons ont tendance à se coucher si on les tire trop fort dans une courbe.

Là, on a voulu manifestement faire une locomotive capable de prendre des virages serrés.  Donc pas de grandes roues, pas de train lourd et long, et système D.
La chaudière a été convertie au pétrole, comme beaucoup de locomotives américaines, mais là n'est pas la curiosité.




Au lieu des deux pistons longitudinaux situés à l'avant, la bête a trois pistons verticaux placés sur le côté droit.

On voit un vilebrequin à neuf paliers, trois gros et six petits.

Les trois gros paliers à 120° reçoivent la poussée des pistons.
Les six petits, situés deux par deux juste à côté des précédents commandent les soupapes d'admission et d'échappement, fonction dévolues à un organe appelé "tiroir" sur les machines conventionnelles. 

Tout cela tourne à l'air libre. L'histoire ne dit pas combien de litres d'huile il faut verser dessus pour faire trois kilomètres. A titre indicatif, sans huile dans le carter, votre voiture ne parcourt pas un kilomètres avant de serrer.




Encore plus fort: aux deux extrémités du vilebrequin, ainsi qu'à l'entrée des bogies,  on peut voir des cardans! Et l'arbre de transmission, carré, est télescopique, puisqu'il doit pouvoir s'allonger ou rétrécir lorsque les bogies pivotent dans une courbe... 

La locomotive est donc montée sur deux bogies articulés, comme un tramway électrique moderne... Et tous les essieux sont tracteurs... mais les roues sont petites; elles doivent quand même patiner au démarrage et dans les côtes...




Là où ça doit devenir compliqué, c'est pour le renvoi de force assuré par un engrenage conique qui tourne à l'air libre. Et en plus, cet engrenage est absolument symétrique et pas hélicoïde... puisque la machine doit pouvoir tirer aussi fort dans les deux directions....




Nous sommes là en plein bricolage. Mais l'ensemble est sérieusement rustique tout de même, puisque tous ces organes mécaniques lourds tournent à l'air libre et qu'aucun n'est lubrifié en continu....
J'aurais bien aimé voir  fonctionner cet étrange système. Mais je ne pense pas qu'il ait été ni bien vite ni bien loin...

A moins qu'il n'y ait eu un type à cheval qui marchait à droite de la locomotive pour verser de l'huile  sur toute cette mécanique?


Je viens, -tardivement- de trouver tout un article sur "les locomotives à engrenages"... les Shay Locomotives.

Manifestement, nous sommes confrontés à l'une d'entre elles...


A la sortie de la ville, un ancien motel est devenu un "compagnonnage chrétien".
Nous avons vu des milliers de bâtiments en décrépitude, mais jamais aucun édifice religieux. Pour eux, il y a toujours de l'argent.



Finalement, nous sommes plutôt déçus de notre "ruée vers l'or".
En route vers San Francisco...





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