2° Architecture et environnement.





En voiture !
(autrement, ce n'est pas possible...)


Les dimensions du pays ont organisé la vie autour du déplacement et de la mobilité. L'urbanisme incontrôlé en a accentué la tendance.  Même la  ville est faite pour la voiture.  La moitié de la surface des petites villes et des villages est occupée par des parkings, sans lesquels aucun commerce ne peut vivre. La moindre bourgade, en conséquence, s'étend sur des kilomètres, et le climat, Californie mise à part,  très chaud en été, très froid en hiver, n'incite pas à faire du vélo.




L'autoroute est reine. Elle est large, et le terre-plein central souvent plus large que l'autoroute elle-même. D'immenses portions de territoire sont dévolues à ces voies de circulation et à leurs échangeurs, souvent spectaculaires. GPS conseillé...

© Photo aérienne Yann Arthus Bertrand. -Los Angeles-

Ici, un autre nœud autoroutier à l'aéroport de San-Francisco...



Dans le centre des petites villes, un terrain qui se libère n'est pas reconstruit, mais racheté par les commerçants voisins ou par la ville, et transformé en parking. La valeur d'un parking semble supérieure à l'éventuelle arrivée d'un nouveau voisin. Hormis dans quelques rares métropoles, il n'y a pas de grands immeubles d'habitation. Chaque Américain a sa petite maison, indépendante, avec un terrain autour. Aller faire les courses est donc une longue expédition que seule l'automobile peut assumer, mais le mode de vie est ainsi fait que ce besoin n'apparaît pas comme une corvée.


La photo ci-dessous est révélatrice: elle est prise dans un petit village de la montagne d'Arizona. Nous sommes au centre du village. Pour que les habitants puissent continuer à fréquenter les échoppes de la rue principale, l'intérieur des pâtés de maisons s'est vidé. Seuls deux réfractaires se sont accrochés à leur maison et à leur arbre: ils vivent maintenant au milieu des parkings. Même la rue qui devait passer devant chez eux a disparu... Où irait-elle maintenant?








Autre photo: Nous voici garés près du bureau de poste de Coloma, petit village du Michigan. Les murs que vous voyez au fond du parking sont les "façades de derrière" des magasins qui donnent sur la rue principale, qui longe les arbres au fond.
Et que voici...




Plus significatif: dans le centre de certaines grandes villes, les enseignes "Parking" sont les plus grandes de toutes. On aurait préféré des enseignes de commerces ou de spectacles...  Des pâtés de maisons entiers, en plein centre-ville, sont dédiés au stationnement, tel celui-ci à San Francisco...


ou comme ici à Oakland:





Ou alors, comme ici, à Chicago, on bâtit des complexes "habitation-parking". Ce sont là, paraît-il, les appartements les plus chers de la ville...



Dans les très grandes villes, les propriétaires de parking font fortune. A Manhattan, garer une voiture une journée coûte plus de 60 dollars, (et 50 autres pour la nuit) assorti d'un superbe chantage: 2 heures = 7 dollars, mais impossible d'en prendre 3 ou 4...
Si vous dépassez deux heures, vous payez 10 heures. Dans les pays civilisés, on appelle cela de la vente liée, ou "vente forcée", et ça mène au tribunal. Ici, cette pratique s'appelle du business.



Les maisons ont un style qui varie avec les états. Ce qui leur manque, c'est souvent la qualité de la construction. Sur ces deux photos de San Francisco, le style victorien de la ville fait florès.

Profitez-en pour remarquer au milieu de la seconde les rébus et autres petits panneaux mystérieux que l'automobiliste doit déchiffrer avant de savoir s'il peut, ou pas, stationner à cet endroit. Qu'il s'y trouve des voitures ne signifie rien: ce sont peut-être des résidents, ou alors, tous, bien informés, vont quitter le lieu dans l’heure qui suit pour l'arrivée programmée d'une balayeuse....

 



Diverses autres habitations de "bourgades". Seules les zones résidentielles résistent à la dictature des parkings...















Ces images donnent une idée de la très faible densité de l'habitat en dehors des grandes cités.



Les fils électriques...


 La plaie des villes américaines, du touriste, du photographe, de l'observateur esthète, ce sont les fils électriques aériens. Sauf dans les très grands centres urbains, le ciel américain est encombré, rayé, zébré de fils électriques. Impossible de prendre une photo sans être gêné par cette toile d'araignée sous laquelle il faut vivre. Même les transformateurs sont accrochés à des poteaux de bois, prêts à choir sur la tête des braves gens. Il faut savoir, que, faute de modernisation, le réseau de distribution américain est toujours en 110 volts, ce qui nécessite des fils plus gros et cause des pertes de charge absolument record. Plus de 30% de la production électrique américaine se perd dans son transport...

Voici donc quelques fils électriques...



Vous pouvez voir que même les sites huppés et prestigieux ne sont pas épargnés par la toile d'araignée électrique...



 A San Francisco, ils aiment les complications. En plus du fatras habituel se croisent au-dessus de nos têtes la caténaire du tramway (550 volts, continu), et les deux fils du trolleybus. (1100 volts, alternatif).













Même la plus petite bourgade a droit, elle aussi, à ses chignons...



Nous parlerons des églises plus tard. Il y en a beaucoup, partout. Ici, deux, concurrentes,  face à face.















l'Amérique: un peuple branché....


L'urbanisation...



Avant que l'on ne construise  des cubes en béton et en verre, les maisons de ville étaient essentiellement de style flamand ou germanique. Le style des premiers migrants. En ce sens que c'est le pignon qui donne sur la rue, affichant à la fois la plus grande hauteur et la plus petite dimension du bâtiment, tandis que la construction se développe très profondément dans le pâté de maison. Tous les immeubles et les magasins anciens ont une très petite façade et une très grande profondeur.
L'usage de la brique, élément de construction prépondérant dans les pays du nord de l'Europe, est très répandu ici. De très grands immeubles sont même  construits en brique, ce qui ne séduit pas les architectes sur des sujets comme la solidité des structures et la résistance aux secousses sismiques...







Également très présents dans toutes les grandes villes à centre ancien (Chicago, New-York, Philadelphie), ces immeubles avec un sous-sol habitable à demi-enterré où résidaient, à l'époque, cuisiniers, valets et domestiques. Très britannique...







Les deux maisons les plus hautes sur la photo ci-dessus ressemblent bien à des maisons flamandes, et celle du milieu au-dessus du camion sur le cliché ci-dessous ne déparerait pas un canal d'Amsterdam...







Comme il n'existe pas de plan d'urbanisme ni d'occupation des sols, chacun fait ce qu'il veut sur le terrain qu'il possède... Il en résulte une grande quantité de murs aveugles qui déparent les alignements dans les villes...

Dans quelques villes animées, on tente, comme ici à Philadelphie de les masquer en les décorant:
















Mais d'une façon générale, on les laisse tels quels. C'est ainsi que les villes américaines donnent cette impression de "pas fini", de chantier en cours,  de "on a fait ce qu'on a pu après le bombardement" alors qu'aucune autre catastrophe qu'une trop grande liberté de construire et une absence de plan d'urbanisme ne sont à l'origine de ces laideurs.


















On observera que les maisons des westerns étaient déjà bâties sur ce type, un fronton souvent affublé d'un petit balcon "colonial"...
Comme le pays n'a pas d'histoire, une maison de 150 ans est vite classée "National Historic Landmark".  Comme le centre-ville de Jamestown ci-dessous, qui date de 1860...







Quant aux échelles de secours façon West Side Story, ce sont des rues entières qui sont bordées des deux côtés par ces amas de ferrailles très prisés des cambrioleurs.





La répartition des "classes de bâtiments" souffre également de nombreuses exceptions. Ce squat n'est pas dans le Bronx, mais aux confins de Little Italy et de Chinatown... Il y a certes des quartiers résidentiels, des huppés et des populaires, mais aucune directive ne vient contrarier ... l'exception.






 A Hollywood, en plein centre ville, entre Melrose et Hollywood Blvd,  et devant un centre commercial renommé, un pâté de maisons entier est occupé par... une cimenterie. Ou plus précisément par une usine à béton.






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