16° Chicago






Par air et par route vers Chicago



Par le hublots très rayés de l'avion des lignes intérieures qui nous emmène de San Francisco à Chicago, je regarde le sol et constate qu'ici, comme en beaucoup d'endroits du pays, on cultive dans le désert avec des arrosages forcés. Ces ronds verts au milieu du sable jaune constellent le paysage.

J'en verrai aussi beaucoup de l'avion qui, la semaine prochaine, nous ramènera de Baltimore à Los Angeles via Dallas en survolant le Kentucky, l'Arkansas, le Texas et le Nouveau Mexique.




Mais pendant que je scrute le paysage, une étrange odeur envahit la carlingue. Ma voisine s'est mis en devoir de manger une salade d'algues avec des baguettes japonaises.  (Sur les vols intérieurs, aucun repas n'est servi par la compagnie aérienne)...  
Nous parlerons un peu avant atterrissage, c'est une dame assez cultivée et très accorte qui habite Chicago, qui trouve que c'est la plus belle ville des USA, (en fait, c'est vrai que c'est une très belle ville), et ne se nourrit que d'algues et de produits de la mer.



Spectacle à nouveau par le hublot où je découvre cette "palette de peintre" qui vaut bien celle de la Vallée de la Mort,




puis ce labyrinthe de banlieue pavillonnaire qui explique peut-être pourquoi les Américains ont aussi inventé le GPS.




Une autre surprise nous attend  chez le loueur de voiture de l’aéroport de Chicago.  En réservant notre voiture, j'avais exprimé le désir qu'elle ne soit pas noire.

Notre Chevrolet Impala de la Côte Ouest était noire, et je n'aime pas les voitures noires. Le loueur m'avait assuré que mes vœux seraient exaucés. C'est ainsi que nous nous retrouvons dans cette Ford "Edge" que les autochtones appellent un petit 4x4.

Remarquez qu'elle ne possède pas de plaque minéralogique à l'avant.




C'est donc au volant de cette voiture élégante et discrète que nous allons parcourir nos 5000 prochains kilomètres.  Je commence par les avantages ou par les inconvénients? 

Par rapport à l'Impala, elle est bruyante, à la fois moins souple et moins puissante, elle consomme plus et sa suspension est beaucoup plus raide.



Allez, elle a un avantage: une caméra de recul.  Dès qu'on enclenche la marche arrière, on voit tout ce qu'il se passe derrière la voiture sur l'écran du tableau de bord. Et ça, c'est génial, et à tout prendre bien plus efficace que les petit détecteurs qui font coin-coin dont on truffe nos voitures européennes.






Chicago

La ville au ponts rouillés.


L'approche de Chicago est un classique de la grande métropole américaine. Plusieurs autoroutes parallèles et des voies ferrées convergent vers la forêt de tours qui se profile à l'horizon.



Les ponts du métro, -on en voit un ici à gauche sur la photo-, font frémir: le pont n'est qu'une grosse poutre avec des rails directement vissés sur des tasseaux. Une souris n'aurait pas la place de croiser un métro sur le pont: le rail est au bord du vide! 
Sans parler des inconvénients sonores d'un montage métallique aussi rustique. Nous en reparlerons plus loin.

Et cerise sur le gâteau: toute cette ferraille, comme d'ailleurs tous les autres ponts, est rouillée. Et parfois dans un état qui fait frémir...





Rapidement, on comprend pourquoi ce sont bien les Américains qui ont inventé le GPS, mais on en mesure les limites: l'appareil se perd dans les bretelles d'autoroutes, inextricablement entrelacées. Il ne sait plus sur laquelle nous roulons, et par voie de conséquence, vers quelle autre nous guider...



Non seulement ces deux tours sont célèbres pour leur conception, mais on a l'impression que tous les chemins mènent à elles: nous nous retrouverons dix fois devant elles sans l'avoir cherché.

Comment concilier le stationnement des voitures d'un immeuble de 40 étages comportant quelque 350 appartements, chacun que chaque occupant  possède au moins deux véhicules?

C'est simple: faute de faire trente étages de sous-sol, on n'en fait que dix, vingt étages de parking au-dessus du sol, et les 40 étages d'habitations par dessus.



Mais rapidement, la ville s'offre à nous, et c'est une découverte très agréable.












La ville est traversée par une rivière, la Chicago River,  qui se divise en différentes branches, chacune étirant sur ses berges un archipel de parcs, de promenades vertes, et  alimentant à intervalles réguliers de petits lacs dédiés à la récréation, aux oies cendrées et aux sports nautiques.



Les kayakistes viennent ainsi se promener jusqu'au centre-ville, pendant que des bateaux-promenade proposent une visite de la ville par ses voies d'eau.






Même les pompiers possèdent des vedettes et utilisent la rivière pour se déplacer...




Si on ne peut pas vraiment parler de styles, les bâtiments du centre-ville proposent une variété d'époques et d'aspect assez harmonieuse.




























Tout est agréable à regarder, les rues sont beaucoup plus propres que celles de Los Angeles ou New York, et c'est aussi la seule ville qui a planté des arbres au pied de ses gratte-ciel et orné ses artères de vasques fleuries. 

Les seules villes fleuries que nous avons vu jusqu'à maintenant étaient Beverly-centre et les petites stations balnéaires du Pacifique, comme Santa Monica.

Une grande ville propre et fleurie, c'est pour nous une nouveauté.

Même à Washington, qui est pourtant parsemée de vastes espaces verts, les rues ne sont pas plantées et fleuries de cette manière.





Ce que je continue à appeler "rainure du parquet". C'est bien la seule où on voit un arbre. C'est peu, mais c'est beaucoup.






Les époques cohabitent sans se heurter...







Et dans cette rainure de parquet là, il y a même un terre-plein central végétal...






Nous avons beau tourner, on en revient toujours au même endroit!!!. Ces deux tours abritent les appartements les plus côtés de la ville...




Le crépuscule baigne les tours d'une clarté mordorée..








Nous finirons la journée au nord de la ville, vers Edgewater Beach, dans une guinguette jazzy au bord du lac Michigan, où nous dégusterons des fish and chips et autres spécialités peu diététiques au son de musiciens et d'une chanteuse fort agréables.








 
Théâtres et Music Halls


Il existe ici une vraie vie culturelle. On joue de la musique aux quatre coins de la ville, les cafés-branchés et établissements à thème sont légion, et les théâtres si institutionnels que le quartier qui rassemble les plus grands est balisé par une stèle gravée dans le trottoir.




Le Bank of America Theatre. Anciennement "Palace".




et son auditorium:


 © yelp / John B


l'Oriental Palace, devenu "Ford Theatre"




Dont voici le hall d'entrée:



et la salle:

© Conrad Smith Studios.inc  conradsmith.com



Le Cadillac Palace:

avec une très belle enseigne,



qui donne une comédie musicale française:




et dont voici la salle:

©  www.broadwayinchicago.com


Le nom "commercial" de ces théâtres révèle la forte implication du mécénat dans leur conservation...

Et le doyen de tous, le Chicago, tout simplement.

Remarquez, quelques mètres plus loin dans la rue, une infâme station de métro aérien dont le fracas métallique retentit à des lieues...

Nous allons voir cela de plus près juste après.





Chicago Theatre  (1921) dont voici la salle:


© www.georgejewell.com

Visitez ce site à son sujet...

Vous y verrez également les halls et  dépendances très spectaculaires.







Les ponts rouillés et ferraillants 
du métro.


Comment fait-on un métro aérien à Paris?

Sur un vrai pont rigide isolé sur des pylônes en fonte, on pose des lisses transversales.


 Entre les lisses transversales, on bâtit des voûtes en maçonnerie.




Et sur ce tablier maçonné, on pose une voie ferrée sur ballast du type le plus conventionnel. Il en résulte un roulement souple et silencieux... 



 Comment construit-on un métro aérien à Chicago?
On improvise un treillis de ferrailles posé sur des poutres en "H" plantées dans le sol.
Et on visse des rails dessus.

Aucune insonorisation, aucun amortissement.  Non seulement le système résonne bruyamment, mais où passe la lumière passe aussi le bruit.
On peut voir les entrailles du wagon qui passe au-dessus de nous...

Lorsque passe une rame, le fracas atteint vos oreilles à bout portant, fracas du roulement augmenté de la résonance de la structure...







On est tout de suite dans l'insupportable...





Et en plus, on n'entretient à peu près rien...
Les stations ressemblent à des bidonvilles...








Et les structures rouillent allègrement...




On craint vraiment de tout prendre sur la tête lorsqu'il passe un métro.






Comment une ville aussi élégante et soignée, avec des rues propres et fleuries, peut-elle endurer la plaie d'un tel métro aérien???

Néanmoins, à condition de ne pas passer trop de temps dans les rues où passe un métro, nous gardons de Chicago un excellent souvenir...








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